Dimanche aprem’ je suis allée à Rijeka Crnojevića ( Riéka Tserno-ié-vit’sa), à une petite heure de route de Novo Selo.
Quelques km avant Rijeka, la rivière fait un grand méandre, on le voit en photo sur tous les sites web traitant du tourisme au Monténégro, mais c’est la première fois que je trouve comment y aller. La rivière rejoint ensuite le lac Skadar, lentement, en prenant le temps de serpenter. C’est juste sublime comme endroit. Et tout autour, des collines noires pour contraster avec les nénuphars, lotus, algues diverses d’un vert éclatant et justifier le nom de ce pays.
La rivière en contrebas est inaccessible, sauf par des chèvres suicidaires.
(j’ai pas joué la mariole, je suis bien sagement restée en haut).
Juste derrière moi, dans la pierre, il y avait cette plaque.
Je me suis dit que j’étais rudement contente d’être ENCORE revenue au Monténégro, que c’était incroyablement beau, ce coin du pays, et puis je suis partie vers Rijeka Crnojevića.
Philippe et moi y étions allés deux fois. La première fois, les maisons n’étaient pas vraiment occupées, les immeubles de la rue principale datant de l’époque yougoslave étaient quasi-vides, tout comme les étalages de la seule supérette, qui donnait envie de pleurer tellement y avait rien. Il y avait tout de même un restaurant de poissons : Rijeka, ça veut dire rivière, et quelques barques à moteur attestaient de l’existence de pêcheurs.
La deuxième fois, un autre restaurant près du vieux pont avait ouvert. Le long de la rivière, avait été aménagée une « promenade » en larges dalles de pierre, et deux bateaux proposaient des promenades sur la rivière.
Maintenant, il y a six ou sept bateaux pour touristes, quatre restaurants, des bars chics avec terrasse, avec le genre de fauteuils qu’on trouve en terrasse de tous les bars chics.
Le local de la supérette est en passe de rouvrir après avoir été refait à neuf, certains petits immeubles ont été repeints.
Le prix des maisons a quintuplé.
Sur deux cents mètres, le long de la rivière et sur le tronçon parallèle de la rue principale, on a l’impression d’être dans un lieu presque trop huppé. C’est beau, refait, propre. Tout le monde est bien élevé, des hommes portent des polos ou des chemises, certaines femmes ont des yorkshires.
Et tout le monde après le repas, va se tirer le selfie sur le vieux pont ou à côté d’une barque.
Voilà pour le décor.
Mais, évidemment, il y a un « mais ». Vous savez que rien n’est jamais simple avec moi.
Donc, je fais comme tout le monde, je longe le long de la rivière, (dans l’herbe, pas sur le « mail » dallé). Je trouve un petit chemin, je continue sur 150 mètres, le décor change vachement, là, pour le coup.
Poubelles éparpillées, containers qui dégueulent d’ordures jamais ramassées, détritus jetés un peu partout, anciens locaux d’usines désaffectés, borgnes, en semi-ruine, barreaux et grilles rouillées, la totale.
Je remonte un petit bout de route/ rue, sur 30 mètres et 2.50 m. de large, perpendiculaire à la rue principale . Sur la gauche il y a ça, bien caché par les arbres qui bordent le petit bout de route.
Voilà qui change des super baraques en pierres, retapées à 500 euros du mètre carré la réhabilitation.
Je continue et j’avise de grands échafaudages sur des petits immeubles de deux étages, vides, aux portes et fenêtres brisées. (mais donc ouvertes!)
Ma tendance Urbex-sed-Duralex prend le dessus instantanément. Je perds la raison, j’ deviens dingue, faut que je rentre là dedans, faut que j’aille VOIR !
Avec le chien en laisse, sinon c’est pas marrant, j’ enjambe, je monte, je titube sur les gravats. J’entre.
Je ne vais pas très loin, c’est devenu un repaire à pigeons, leurs fientes recouvrent le sol sur plusieurs centimètres (bon, ça, c’est pas très grave). En revanche, au sol, c’est un vieux plancher et je m’imagine très bien en train de passer à travers, pour atterrir dans les caves, et là, euh là…j’ai pas pris mes cordes et mon harpon de secours. Je tâte des pieds, j’avance un peu quand même et je découvre ça.
Cadeau rien que pour moi. Le genre de machin qui me rend hystérique, saoule de bonheur.
A ce moment-là, c’est comme si je trouvais un trésor. Un endroit où je suis la seule « touriste » à avoir eu l’idée de pénétrer. ( J’ai une notion du tourisme assez particulière, remarquez : zones, vieux bâtiments déglingués, usines désaffectées, machins à l’abandon, encore mieux si c’est interdit, glauque, limite…)
C’est quand même pas n’importe quoi cet ancien cinéma, salle de spectacle… hein ?!?!!!???
(l’écran est encore roulé juste au dessous du plafond)
Après ? Ben, après, je suis ressortie, j’ai traîné le chien jusqu’à la terrasse du premier bar chic, je me suis offert un café et une eau gazeuse, le tout pour 2 euros, vautrée dans un de ces fameux fauteuils que j’ai été si prompte à dénigrer.
Car j’assume mes contradictions.
ouhla ! j’ai eu peur du « mais ». J’avais tout imaginé pour cette balade : des serpents ou d’autres bêtes qui piquent ou mordent, une cheville tordue dans un tentative d’aller « un peu plus loin » sur un chemin de biques, puis la rencontre de quelques brigands (ou policiers) ou encore le passage au rez-de chaussée en voie directe sans ascenseur…
Mais je constate que tu devient prudente à tâter du terrain avant de t’aventurer ! Et finir sur une terrasse huppée à jouer les divas. Décidément, tu m’étonneras toujours.
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Extraordinaire aventure
Envoyé de mon iPhone
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